Restauration de trois chaises Louis-Philippe à dossier découpé.

Cette semaine je me suis concentré sur la restauration de trois chaises Louis-Philippe à dossier découpé.

Vous aurez compris que le gros du travail a porté sur cette chaise dont un montant arrière était cassé. Cette cassure intervient au pire endroit possible c'est à dire au niveau de l'assemblage de l'assise. Cette partie du montant est la plus fragile puisque les deux barres de paillage s'y croisent (assemblage à mi/bois ou en clef), et pourtant c'est la plus sollicitée.
Pour toutes ces raisons, il est impossible de réaliser une enture sur ce type de cassure. Il m'a donc fallu remplacer l'intégralité du montant et donc en réaliser une copie parfaite.

Je vous laisse apprécier l'épaisseur du plateau de bois nécessaire à la réalisation de cette pièce. Au vu de la finesse du montant, utiliser une telle épaisseur de bois peut paraître surprenant. Mais ce pied étant cintré sur deux axes différents (géométrie en trois dimensions), il est impossible de prendre une section plus faible.

On commence par tracer le cintre du montant selon un premier axe. Il faut alors prendre gare à ce que le fil du bois s'accorde le plus possible avec ce tracé. Dans le cas contraire, la pièce de bois ne résistera pas aux contraintes extrêmes qu'elle subira lors de son utilisation. On peut alors réaliser une première découpe approximative à la scie à ruban.

On recommence ces étapes une seconde fois selon le deuxième axe de cintrage de la pièce. On se rend bien compte ici de la nécessité de l'épaisseur du plateau de bois utilisé. Je n'ai en effet que quelques millimètres de marge de chaque côté du montant.

On réalise alors une série d'opérations dont les résultats ne témoignent pas du travaille fastidieux qu'elles représentent.

Je pense notamment au mortaisage (perçage des trous qui recevront les barreaux et barres de paillage).
Un siège est constitué d'un ensemble de pièces de bois réparties selon une position très précise dans l'espace. Il est donc indispensable de retrouver les angles exacts avec lesquels percer puis de les respecter très précisément. Si une de ces étapes n'est pas réalisée avec soin, le siège sera vrillé. Un ou deux degrés d'erreur suffisent à rendre un siège dissymétrique. (Exemple de siège vrillé)

On pourrait également citer la réalisation de la moulure qui s'effectue à la toupie resch (sorte de toupie portative).

Cette machine est tellement dangereuse que je vous déconseille ne serait-ce que d'imaginer comment elle s'utilise.Vous prendriez déjà de grands risques.
Le fer que nous voyons juste au niveau du guide est le point névralgique de cet outil. C'est ce tranchant aiguisé comme un rasoir qui façonne la moulure. Détail important: Ce fer tourne à 14000 tours/min. Ceci dit! Si il faut un certain temps pour l'apprivoiser, lorsqu'on y parvient elle devient une amie sure. D'ailleurs je me demande si ce n'est pas elle qui nous apprivoise plus que le contraire. Car en effet on ne peut en tirer un résultat utile que si on acquière un geste parfaitement mécanique. Qu'il est bon alors de sentir que l'on fait corps avec l'outil et la matière. Cela devient alors une relation de couple idyllique.

À partir de cette étape la restauration devient plus traditionnelle.

On recolle le dossier.

On recolle l'ensemble de la chaise. On effectue alors les raccord de moulure, de patine...

Pour finir on rempaille les chaises et on peaufine la finissions.

Avant/ Après.

Avant restauration.

Après restauration. 

Et c'est reparti pour une nouvelle vie!

À au fait! Un dernier détail, saurez vous distinguer le montant arrière neuf?

Et sur la photo suivante, vous le voyez?

Ça y est, vous l'avez trouvé? Pourriez-vous me l'indiquer? Car moi-même je ne le retrouve plus...

Pour toute question ou remarque, n'hésitez pas à laisser un commentaire!